L'endurance du Vigeant ? Vi vi, je m'en souviendrai... M'en parlez pas de l'endurance du Vigeant. Tous des prétentieux au Vigeant !
Déjà, on était pas encore au Vigeant que l'orga TTR commençait fort. Vous savez, une endurance, c'est en équipe, on est 2 pilotes, plus plein de monde autour pour bosser à notre place.
Alors ça a commencé par un coups de fil de mon coéquipier m'annonçant que je devrai me débrouiller tout seul pour les préparatifs. Ben vi, pour la première fois de sa vie, il bosse. Je vois déjà les mauvaises langues, au fond dire que c'est une excuse ! Meuh nan ce n'est pas une excuse... Hein Jérôme, dis moi, ce n'était pas une excuse ?
Le départ était donc fixé au jeudi matin 6h, mon coéquipier devant nous rejoindre en fin de soirée, après ce que nous appellerons son boulot (son emploi ? son excuse ?), accompagné de notre Poison préférée. Quand au reste de la troupe, il nous rejoindra un jour, à priori avant la fin de la course. Tout va bien, il ne me reste plus qu'à charger le camion !
Donc, mercredi soir, je me dis, en mon fort intérieur : De quoi ai-je besoin ? Une moto, un matelas, une bouteille de muscat et 2-3 choses sans importances. Ben, il y en a des choses sans importance ! Le C25 rehaussé débordait de partout ! Heureusement, les affaires en rab ont eu la bonne idée de tomber direct dans le coffre de la voiture (vi, contrairement à mon coéquipier, mon coffre accepte plus qu'une bouteille de muscat).
Et nous voila en route, mon accompagnatrice avec la voiture et la remorque, moi dans mon beau camion, tout pareil à Léon. Rythme de croisière à fond, 90-100 km/h... Heureusement que l'on ne descendait pas au bled !
11 heures, arrivée sur le circuit, il y a déjà du monde. J'avais déjà eu l'occasion de repérer les lieux et choisis vite un emplacement stratégique pour le tipi. Et là, je décharge... Enfin... je ne sors juste que le principal, hein ! Le matelas, le tire bouchon et la bouteille de muscat. Le reste pourra attendre.
A peine ai-je le temps de vérifier que le muscat est à température que Jean-Claude, un ami, arrive avec ses mômes... Sont mal élevés ses mômes ! Ils voulaient même pas monter ma tente ! Mais bon, une orga sans faille fera qu'à 17h30 les tentes seront montées, 17h34 les tentes seront par terre, 17h45 le muscat sera vide, 18h72 les tentes seront montées à nouveau, mais fixées cette fois ci.
Plus tard, bien plus tard, Jérôme et Poison arriveront. On déchargera, on remplira le box, on montera le maître cylindre que Jérôme a apporté, on papotera, on croisera les doigts pour le temps, on dormira.
Vendredi... jour des essais libres. Le réveil sonne, le 2ème réveil sonne, le 3ème réveil sonne, le 4ème réveil sonne. Un voix, dans une autre tente : "quelqu'un met la musique ?" "je ne sais pas comment ça marche" "appuie avec tes doigts" "j'ai oublié mes mains à la maison". Dialogue qui durera tout de même 20 minutes, juste pour ces 4 petites phrases. Il est temps de passer au café, fort de préférence. Il fait sec, mais il fait froid, ça pourrait être pire.
On discute stratégie : "gazzz" pour l'un, "dodo pour l'autre". Depuis le début de semaine je ne fais que courir dans tous les sens, aussi je décide que ce sera grâce mat' pour moi. Jérôme commence à rouler, je file au contrôle technique puis file dormir encore un peu. Le roulage, on verra ça cet après midi.
L'après midi arrive bien plus vite que mon réveil, mais là, faudrait voir à pas déconner non plus. J'enfile le casque, monte sur la moto et fais mes premiers tours de roues : "chouette, je n'ai toujours pas de frein". Notez que c'est quand même vachement moins pire qu'avant, puisque là, le levier ne viendra en buté qu'au 3ème tour. Avant, c'était même à froid.
Les séances libres s'enchaînent et se ressemblent, je me traîne, je n'ai pas de frein, je dors.
Le soir, arrivée du team manager alors que nous sommes tous devant une boisson revitalisante à base de malt et de houblon. Alors autant vous l'annoncer tout de suite, cet homme est fou ! Il arrive au box, voit le rangement hyper organisé et structuré, fait hop hop hop et... on ne retrouve plus rien. Tout est parfaitement bien rangé, chaque chose est à sa place... J'ai pas l'habitude moi !
On discute stratégie, elle sera simple : "gazzz" pour les qualif, "gazzz" pour la course. Vi vi vi... facile à dire devant une bonne bière ! On en vient à parler de mes freins "de mes quoi ?" On décide de changer mes plaquettes bien usées par des neuves d'origine racinge, on verra bien et on colle des pneus neufs aux motos.
9h20, première séance qualif ! Son fous les zorgas !!! Ils connaissent pas le Bip, ce n'est pas possible !
Levé 6h30, petit déj, lavage, brossage, habillage... Déjà l'heure. Après décision unanime du Team Manager, je fais un arrêt de 30 secondes aux stands pour laisser partir la meute et avoir quelques tours clairs... En fait, je crois bien que j'aurai eu 3 virages clairs... Rodage et chauffage des pneus en douceur, freinage un poil de fesse moins pire, suis content. Fin de la première séance qualif ? Déjà ? Mais c'est rapide 20 minutes !
Je rentre, jette un coup d'oeil très rapide au moniteur sachant déjà que ce n'est pas brillant. Faudra faire mieux l'après midi.
Vi, ben parlons en de cet après midi. De cette 2nde séance qualif... Même stratégie de pointe que le matin, je laisse partir la meute, ouvre, arrive dans le premier virage, freine... freine !!! J'ai dit freine !!!! Bon, comment fait on quand il n'y a pas de frein ? Ca promet 20 minutes comme ça... Un frein avant qui ralentit tout juste la moto, un frein arrière à peine plus efficace, ça ne motive pas à faire quelque chose... Je me contenterai donc de ne pas m'en mettre une d'ici la fin de la séance... Je rentre, dégoûté, frustré, mais en entier.
Le team manager prend la moto pour la rentre dans le box et presque aussitôt je l'entends dire : "On change tout son système de freinage". Tiens, il a essayé de freiner ?
Et alors là... je dois dire... Les mécanos sont arrivés et avec Vincent ont fait un boulot... mais un boulot... Freinage changé, valse des pneus à cause du temps plus qu'incertain du lendemain, contrôle des machines... La totale, consciencieusement et dans la bonne humeur. Je les regarde faire plus que je ne les aide. Les freins sont prêts, je teste la poignée : dure ! Mais dure comme jamais elle ne l'a été ! Une attaque immédiate, une course du levier minime. Même au premier jour elle n'était pas comme ça ! Je ne m'emballe pas mais commence à y croire.
Après, je ne sais plus. Ah si ! Vincent m'a piqué mon muscat ! Pour le reste, on a bien du prendre le temps de manger, d'organiser la stratégie, de dormir, de papoter, mais les détails m'ont quelque peu échappé.
Dimanche, jour de la course. Les zorgas, se sont des sauvages ! Mise en place à 8h00 !!! Le réveil, aucune idée, je dormais encore. Jérôme prendra le départ après mon vote unanime à moi. Il part, j'enfile mon casque et mes gants, et vais vite me planquer dans un coin pour être tranquille.
Et voila déjà l'heure de mon relais. S-3 La moto sort, S-1 je monte dessus, S on démarre le moteur, Jérôme arrive dans la voie des stands, on coupe le moteur. Il entre dans le box, Vincent attrape le transpondeur, le fixe sur ma moto, moteur, go ! Je démarre. Pneus chauds (merci les couvertures chauffantes !) mais neufs avec une grande inconnue quant aux freins. 3ème virage, je décide que les pneus sont rodés, j'ouvre.
Les freins ont l'air de tenir. J'ouvre encore un peu, les freins tiennent !!! Bon, il ne me reste plus qu'à réapprendre à freiner... Ca tombe bien, j'ai 2 heures devant moi pour ça ! Petit à petit, mon rythme s'accélère, je double, je me fais doubler, j'essaie de suivre un peu le rythme des plus rapides, redécouvre ma moto, me fait plaisir, souffre du bras à cause de ma mauvaise position dans les gauches, j'y fais gaffe.
S-3 déjà ? enfin ? Effectivement, j'ai comme l'impression qu'il était temps. S-2, S-1, S, je sors et entre direct dans le box, moteur coupé. Valse du transpondeur, Jérôme repart. Je sens une claque sur mon épaule, j'ai du pas trop mal me débrouiller. "Et les freins ?" "Nickel !!! J'en ai eu durant toute la session !!!" Sourires de l'équipe, ils ont fait un super boulot.
Je pousserai même le vice jusqu'à mettre le levier en position 2, chose qui ne m'était jamais arrivée avant ! Je bois un coup, je m'assoies que déjà : "S-3, ça va être à toi !" Hein ??? mais c'est quoi ce fuseau horaire ! Ce n'est pas 40 minutes normalement ? ben si, Jérôme tourne depuis 45 minutes. ??? Sont folles ces minutes !
2nd relais, tout va bien, je commence à prendre mes marques, les chronos ne tombent pas encore mais je me sens de mieux en mieux. J'ai enfin confiance dans mes freins, me permets même quelques freinages qui m'auraient valu la veille encore de beaux tout droits, je me fais plaisir. Je fais attention à ma position dans les gauches, ça va nettement mieux. A tel point que lorsque j'aperçois le S-3, je me dis que je continuerais bien encore quelques heures... Vi, je sais, ce ne serait guère raisonnable, d'autant plus que la réserve approche à grand pas. Obéissant, je sors, heureux.
3ème relais, impatient de me remettre en selle, habitué maintenant aux us et coutumes du changement de transpondeur, tout se passe à merveille.
Hop hop hop, je file, apercevant déjà devant moi ma prochaine proie.
Je la rejoins à l'entrée de l'enchaînement rapide, lui renifle le pneu dans le 3ième droit et vais pour lui faire l'inter dans le grand gauche rapide. Le rascal !!! Il reste à gauche !!! Suis obligé de couper ! Arggg, damned, il a un 1000, je le vois partir. Bon, je me crache dans les pognes pour reprendre mètre après mètre ce qu'il m'a collé. Tiens, déjà l'enchaînement rapide à nouveau !
La vie est un éternel recommencement, je le rejoins à l'entrée, lui renifle le pneu dans le 3ème droit et décide, puisqu'il reste à l'inter de lui faire l'exter. Il n'y a qu'à dire... et à croiser les doigts. Nan, j'dis ça parce que je ne sais pas si vous connaissez, mais faire l'exter dans un grand gauche, poignée vissée dans le coin à 200 km/h, sur l'angle, avec l'herbe à 50 cm des roues, ça... marque.
Mais bon, le principal est que cette fois ça passe. Arrivé au trop tard, je prends les freins au panneau 100m, l'arrière gigote un peu beaucoup passionnément à la folie. Bref, il glisse et je me dis "avec ça mon lascar, tu ne vas pas vouloir me repasser de si tôt !" Effectivement, je ne le reverrai pas.
Je file et là, le déclic, je ne sais pas quelle ânerie j'ai pu faire dans l'entrée du pif paf, mais c'est le déclic, je suis un âne !!! Ma position change, je prends de l'angle, je rentre plus fort, je sors plus fort, je me dis là, mon coco, les pendules vont enfin tomber... en fait de pendule, j'aperçois le drapeau rouge... Grosse chute, fin de la course.
Après, je ne sais plus. Trop fatigué, trop excité, trop content.
En tout cas, un immense merci à Jérôme mon coéquipier, Vincent le Team Manager, Elodie la tographe, Loïc le mécano/ravitailleur encore plus fort que Midas, Franck qui usa son pouce au chrono, Flo qui n'arrêta pas de dire que je me traînais, Jean Claude le pompier, les minots Jean Benoît et Kévin qui n'ont pas arrêté de me piquer ma trottinette et Laurence qui s'occupa de l'intendance.
Et pour l'an prochain, après rapide concertation avec mon coéquipier (il est fou cet homme là !), ce sera le CFE... me v'la bien...